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Lien vers les lectures du dimanche 23 février

Saint Polycarpe et les signes de la vraie Eglise

Sans doute vous êtes-vous déjà posé cette question : l’Église catholique, celle de votre baptême, est-elle la véritable Église, celle fondée par le Christ ? Quelqu’un peut nous aider à répondre à cette question.

Les païens lui donnaient le titre d’enseignant de l’Asie, de père des chrétiens, de destructeur de nos dieux. Je veux parler du bien nommé Polycarpe, dont le nom signifie « Fruit abondant ».

Saint Polycarpe, dont c’est la fête aujourd’hui, évêque de Smyrne et disciple de l’apôtre Jean, est une figure incontournable du christianisme primitif. Ses écrits et le récit de son martyre, qui nous sont parvenus – et qui sont parmi les plus anciens textes chrétiens, – peuvent nous aider à trouver une réponse. Dès la génération qui suit les apôtres, nous avons des éléments évidents de la foi catholique, telle qu’elle existe aujourd’hui.

  1. La hiérarchie ecclésiastique • Polycarpe était évêque de Smyrne, ce qui témoigne de la structure hiérarchique de l’Église dès le milieu du deuxième siècle. Il était entouré de son presbyterium, composé de prêtres et de diacres. Son rôle d’évêque illustre la continuité apostolique, un principe central du catholicisme selon lequel les évêques sont les successeurs des apôtres. • Polycarpe raconte lui-même qu’il a été disciple de l’apôtre Jean, rien de moins ! C’est lui qui a envoyé les premiers missionnaires évangéliser la Gaule : Irénée, Pothin, Andéol, Bénigne, pour ne citer que les plus célèbres. Nous avons donc une continuité, sans interruption, entre l’apôtre Jean, tous les évêques de Lyon qui se sont succédé après lui, jusqu’à l’archevêque actuel.
  2. Une foi fondée sur la tradition et notamment sur l’Ancien Testament • Polycarpe a combattu l’une des premières hérésies apparues, celle de Marcion. Marcion enseignait que le Dieu de l’Ancien Testament était un Dieu distinct du Dieu d’amour révélé par Jésus-Christ. • Polycarpe, en bon disciple des apôtres et défenseur de la tradition chrétienne, rejetait cette vision dualiste et affirmait que le Dieu de l’Ancien Testament et celui du Nouveau Testament sont un seul et même Dieu. • Marcion composait son propre canon des Écritures, n’acceptant que l’Évangile de Luc (modifié par lui) et certaines épîtres de Paul. • Polycarpe, attaché à la transmission fidèle des enseignements des apôtres, refusait cette mutilation des Écritures.

    Selon Irénée de Lyon, qui rapporte une anecdote célèbre, lorsque Polycarpe rencontra Marcion, alors qu’il était a Rome, ce dernier lui demanda : « Me reconnais-tu ? » Et Polycarpe lui répondit avec mépris : « Oui, je te reconnais, toi, le fils aîné de Satan ! »

  3. La primauté du pape. Dans sa Lettre aux Philippiens, Saint Polycarpe fait référence à l’Église de Rome en disant qu’elle « préside dans la charité » (prokatheménê tês agápês).

    Que signifie « présider dans la charité » ? • L’expression semble indiquer un rôle particulier de l’Église de Rome au sein du christianisme primitif, ce qui constitue une reconnaissance implicite de l’autorité du siège de Pierre. • « Présider dans la charité » ne signifie pas seulement un pouvoir de juridiction, mais aussi un rôle de service et d’unité dans l’Église universelle. L’Église de Rome est perçue comme un modèle de foi et de charité, ayant une responsabilité particulière envers les autres communautés chrétiennes. • Cette expression a été interprétée par les théologiens catholiques comme un témoignage ancien de la primauté de l’évêque de Rome, qui deviendra plus tard la doctrine de la primauté du pape. Cela renforce l’idée que dès les commencements de l’église, la primauté de l’évêque de Rome était déjà respectée, même si elle n’était pas encore définie aussi clairement qu’aujourd’hui.

    Lors d’un voyage à Rome, Polycarpe a rencontré le pape Anicet pour discuter de la date de célébration de Pâques, qui était différente en Orient et en Occident. Il n’est pas allé à Alexandrie, à Constantinople, à Jérusalem ou à Antioche, mais à Rome. Autre signe de la primauté de l’évêque de Rome.

  4. Le culte des reliques • Après son martyre par le feu et l’épée, les chrétiens de Smyrne ont recueilli ses ossements comme des « trésors plus précieux que les pierres précieuses et plus fins que l’or » (Récit du Martyre de Polycarpe). Cela témoigne du développement du culte des reliques, fondé sur la vénération des saints et de leurs restes matériels comme sources de bénédictions et d’intercessions. • Encore aujourd’hui, la messe dans une église catholique est toujours célébrée sur un autel où sont insérées des reliques. • Lorsque les chrétiens recueillent ses restes après son martyre, ils les considèrent comme précieux et dignes de vénération, tout comme le Corps du Christ dans l’Eucharistie. • Ce passage montre une conception sacrée de la relation entre le martyr et la présence réelle du Christ. Les reliques de Polycarpe sont honorées en raison de leur association avec celui qui a vécu pour le Christ et a donné sa vie pour Lui. Ce lien avec l’Eucharistie souligne l’idée que le corps humain (qu’il s’agisse du Christ dans l’Eucharistie ou d’un martyr) peut devenir un canal de la grâce divine.
  5. La foi face au martyre • Le récit de son martyre insiste sur sa fidélité inébranlable au Christ. Il refuse d’abjurer sa foi malgré la menace de mort, affirmant : « Depuis 86 ans, je sers le Christ, et il ne m’a fait aucun mal ; comment pourrais-je renier mon Roi qui m’a sauvé ? » • Son exemple incarne la théologie catholique du martyre comme témoignage suprême de la foi, une voie directe vers la sainteté et le salut. Conception toujours actuelle !
  6. Enfin, il y a l’Eucharistie. Saint Ignace d’Antioche, ami de Polycarpe et son contemporain, écrivait à Polycarpe : « L’Eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ, cette chair qui a souffert pour nos péchés et que le Père, dans sa bonté, a ressuscitée. » (Lettre aux Smyrniotes, 7, 1). Cela sous-entend que c’était aussi la foi de Polycarpe.

Conclusion Ainsi, la vie et le martyre de Polycarpe illustrent plusieurs éléments fondamentaux du catholicisme : • La hiérarchie de l’Église • La Bible reçue dans sa totalité • La primauté du pape • La vénération des reliques • L’idéal du martyre • La croyance en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie

Si tous ces éléments existent aujourd’hui encore dans l’Église catholique, c’est parce qu’il s’agit de la véritable Église fondée par le Christ. Saint Polycarpe est l’un des témoins les plus éclatants de la génération qui a suivi celle des apôtres et qui a reçu le dépôt de la foi. À nous de la conserver et surtout de la faire vivre en fidélité avec les saints qui nous ont précédés.

Père Gabriel Ferone

Retrouvez les homélies du père Gabriel  et du père Bertrand dans la rubrique « Messes et célébrations » / « Homélies des pères Gabriel et Bertrand » de ce site

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