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Lien vers les lectures du dimanche 1er juin

La deuxième lecture, tirée de l’Apocalypse, nous parle de manière imagée d’un arbre de vie. Cette expression peut nous sembler étrange ou difficile à saisir. Que signifie-t-elle pour nous aujourd’hui ?

Dans le livre de la Genèse, deux arbres occupent le centre du Jardin d’Éden :

  • L’arbre de la connaissance du bien et du mal,
  • Et l’arbre de vie, qui donne la vie éternelle.

Dieu interdit à l’homme et à la femme de manger du fruit de l’arbre de la connaissance, car il ne s’agit pas simplement de savoir, mais de vouloir décider par soi-même ce qui est bien ou mal, indépendamment de Dieu. Le fruit défendu promet l’autonomie, une divinité illusoire. Mais en le mangeant, Adam et Ève perdent plus qu’ils ne gagnent : ils deviennent nus, séparés de Dieu. L’humanité entre alors dans une logique de peur, de jalousie, de violence — et déjà Abel tombe sous la main de son frère.

Une scène similaire se retrouve dans la mythologie grecque. La déesse Éris, déesse de la discorde, par vengeance, car elle n’a pas été invitée à un banquet où étaient conviés tous les dieux, jette une pomme d’or portant l’inscription : « À la plus belle ». Ce fruit, source de rivalité entre Héra, Athéna et Aphrodite, conduit au fameux jugement de Pâris qui choisi Aphrodite qui lui a promis pour récompense la plus belle femme, la belle Hélène qu’il enlève, ce qui conduira à la guerre de Troie. Là aussi, le fruit convoité ne mène pas à la vie, mais à la destruction.

Ces récits sont bien plus que des mythes : ils disent quelque chose de profond sur notre humanité. Nous cherchons souvent, encore aujourd’hui, à saisir la vie, à la posséder, plutôt qu’à la recevoir comme un don.

Mais Dieu ne nous abandonne pas. L’histoire ne s’arrête pas à la chute.

Dans l’Apocalypse, au dernier chapitre de la Bible, nous retrouvons le jardin, transfiguré :

« Heureux ceux qui lavent leur robe : ils auront droit à l’arbre de vie. »
Cet arbre est de nouveau offert, porteur de douze fruits, un pour chaque mois, et ses feuilles sont données
pour la guérison des nations, nous dit l’écriture.

Alors, quel est cet arbre de vie retrouvé ? Où le trouvons-nous, aujourd’hui ?

Cet arbre, c’est la croix du Christ.

C’est là que se produit le grand renversement.
Là où Adam tend la main pour saisir un fruit défendu,
le Christ,
nouvel Adam, ouvre les bras pour offrir sa vie.

Là où l’homme voulait prendre, Dieu choisit de se donner.

Le bois de la croix devient alors l’arbre de vie nouveau. Ce n’est plus un fruit volé, mais un fruit offert. Il ne promet pas une illusion de puissance, mais la vraie vie, la vie éternelle.

Sainte Thérèse de Lisieux, dans son poème L’Abandon, exprime cette réalité avec des mots simples et lumineux :

« Il est sur cette terre un arbre merveilleux sa racine , ô mystere, se trouve dans les cieux.

Cet arbre merveilleux, c’est la croix, plantée sur le Golgotha, mais enracinée déjà dans l’Éternité.

Oui, frères et sœurs, la croix est l’arbre de vie.
Un arbre qui semble sévere à première vue, car il passe par la souffrance, par l’abandon, par la mort…
Mais un arbre qui
porte un fruit qui sauve, qui guérit, qui unit.

À chaque Eucharistie, nous recevons ce fruit de l’arbre de vie :
le Corps du Christ, livré pour nous.
Non pas un fruit brillant et séduisant comme les « fruits trompeurs, les pommes d’or de la déesse discorde» celle que propose le monde, mais un fruit humble, discret,
chargé d’amour, capable de nous transformer de l’intérieur.

Aujourd’hui encore, nous sommes placés entre deux arbres :

  • L’un propose la séduction, la toute-puissance, la possession… mais conduit à la séparation, à la mort.
  • L’autre semble faible, pauvre, inutile… mais donne la paix, la liberté et la vie éternelle.

Choisissons non pas ce qui flatte nos yeux, mais ce qui nourrit notre âme.
Refusons les fruits amers du monde : l’illusion de décider seul du bien, du mal, de la vie, de la mort — comme on le voit dans les débats actuels sur l’euthanasie, ou dans la banalisation de l’avortement.

Le vrai trésor ne se trouve pas dans un jardin interdit. Il se reçoit dans l’Église, dans la foi, dans la charité, au pied de la croix, là où l’amour s’est donné jusqu’au bout.la ou l’esprit du Seigneur, bien avant la Pentecôte, du cœur transpercé du Christ nous a été donné.

Père Gabriel Ferone

Retrouvez les homélies du père Gabriel  et du père Bertrand dans la rubrique « Messes et célébrations » / « Homélies des pères Gabriel et Bertrand » de ce site

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