Lien vers les lectures du 5e dimanche de Pâques, dimanche 18 mai
Le commandement nouveau
Vous connaissez les deux grands commandements de la Loi, selon Jésus.
Voici qu’il nous en donne un nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Ce commandement est nouveau car il ne fait pas référence à Dieu. Cette Loi n’est pas liée au culte. Cette loi est religieuse sans faire référence à Dieu. Le Fils de l’homme nous dit : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaitra pour mes disciples. Selon ce commandement ; la seule façon d’aimer Jésus est d’aimer mes frères comme lui-même m’a aimé. Si j’aime mes frères et sœurs autour de moi comme Jésus m’a aimé, alors mon amour est parfait, et le culte que je rends à Dieu. Heureux suis-je quand je le fais.
Le commandement de Jésus est aussi un commandement nouveau au sens actif et dynamique : car il « renouvelle », nous rend nouveaux, transforme tout. « C’est cet amour-là qui nous renouvelle, pour que nous soyons des hommes nouveaux, les héritiers du testament nouveau, les chantres du cantique nouveau. » (Saint Augustin d’Hippone).
Père Bertrand Carron
Léon XIV
Quelques signes peuvent nous éclairer sur notre nouveau pape et la direction où ira son pontificat. Ce ne sont que des signes, l’avenir dira s’il s’incarne dans une réalité !
Il n’a fallu que 4 scrutins pour choisir le nouveau pape. Avec cette élection ultra-rapide, les cardinaux ont voulu souligner l’unité de l’Église catholique. N’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure qui prédisaient une élection difficile à cause des divisions parmi les cardinaux, manifestant les divisions à l’intérieur de l’Église…
In illo uno unum est, la belle devise choisie par le pape : « En Celui qui est Un, tout est Un »
(c’est-à-dire : en Dieu, tout trouve son unité). La première mission d’un pape, c’est faire l’unité. Unité qui ne veut pas dire uniformité.
Il est élu le 8 mai 2025, soit 80 ans après l’armistice du 8 mai 1945, qui scellait enfin la victoire sur le nazisme et son idéologie mortifère. Heureux clin d’œil du calendrier, que le pape a salué par cette conviction : « Le mal ne prévaudra pas. »
C’est certes un écho de la promesse de Jésus à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle » (Mt 16,18).
Mais l’actualité guerrière fait de ce 8 mai l’annonce et l’espérance d’une victoire final sur le mal, victoire à laquelle nous pouvons et devons œuvrer de toute nos forces. Une paix vue à la lumière de la résurrection.
La paix est le premier mot qui lui vient à la bouche : « Que la paix soit avec vous tous ! »
En liant cette paix à la résurrection du Christ, le pape nous invite à entrer dans la dynamique pascale, qui fait surgir la vie de la mort.
Nul doute que tous les conflits armés du monde soient visés par cette déclaration de paix… mais pas seulement. Il y a la paix dans nos cœurs, dans nos familles… dans nos paroisses…
Le nom qu’il s’est choisi est bien sûr tout un programme !
C’est un hommage à Léon XIII, qui fut l’initiateur de la Doctrine sociale de l’Église à une époque — celle de l’industrialisation — où les conditions de travail des ouvriers étaient souvent bien précaires.
On pourrait donc s’attendre à un renouveau de cette Doctrine sociale, réconciliant la défense de la vie — de sa conception à sa mort — et la sauvegarde de la planète. Refuser l’utilitarisme qui réduit les êtres et l’environnement à des ressources jetables après exploitation (le pape François parlait de « la culture du déchet »).
Le pape François l’avait abandonnée et ne portait qu’une soutane blanche.
Léon XIV a repris, lorsqu’il s’est présenté à la foule réunie place Saint-Pierre, l’usage du vêtement papal traditionnel. Signe qu’il veut s’inscrire dans la Tradition, tant vestimentaire que liturgique.
Sa formation en droit canon le rendra plus attentif que son prédécesseur aux précisions théologiques et liturgiques.
Dans l’océan du monde, on ne peut pas diriger le porte-avions qu’est l’Église et ses un milliard et demi de fidèles comme on gouverne une pirogue dans une rivière et ses quelques passagers.
Là où d’autres papes s’exprimaient au balcon de Saint-Pierre en parlant sans notes, de l’abondance du cœur, Léon XIV a surpris en sortant un texte soigneusement écrit, fruit d’une pensée précise et articulée.
Dans un monde où tout est matière à polémique et slogan, où l’on cherche d’abord des éléments de langage plutôt que la vérité, la précision dans les mots est importante.
C’est ce qui, autrefois comme une évidence, caractérisait la pensée catholique : un discours appuyé sur la raison. Si l’église doit s’adresser au monde dans un langage qui lui soit accessible , elle n’a pas a se conformer au monde et à l’air du temps.
Américain de naissance, par ses origines d’ascendance normande, créole de Louisiane, espagnole, ayant vécu de nombreuses années au Pérou — dont il a même la nationalité — comme missionnaire puis comme évêque, il est à lui tout seul un véritable melting-pot.
À ce titre, c’est le premier pape véritablement et pleinement catholique de l’histoire, ayant des racines sur au moins trois continents.
Gageons que son pontificat sera vraiment catholique et universel.
Sans aucun doute, il sera missionnaire.
Léon XIV est augustinien, il l’a rappelé d’emblée. Augustin est un des plus grands pères de l’église.
Il meurt en 430 alors que les Vandales, les bien nommés, assiègent sa ville : c’est la fin de l’Empire romain. ⚔️
Il vient d’achever son œuvre majeure : La Cité de Dieu ou s’opposent deux citée:
- La Cité de Dieu (civitas Dei) : formée par ceux qui vivent selon Dieu.
- La Cité terrestre (civitas terrena) : formée par ceux qui vivent selon eux-mêmes et l’amour du pouvoir.
- Ces deux cités coexistent dans l’Histoire mais ont des fins opposées : la gloire éternelle ou la ruine éternelle.
Même les civilisations les plus brillantes sont fragiles si elles ne sont pas fondées sur Dieu.
Les civilisations peuvent mourir. La nôtre aussi !
Nous sommes nous aussi à un moment de grands bouleversements économiques, sociaux et sociétaux, avec la fin de la mondialisation heureuse, l’arrivé de l’intelligence artificielle qui vont apporter de grands bouleversements.
Dans ce monde de plus en plus complexe à appréhender, l’Église aura la mission, comme autrefois, de sauver les trésors de la civilisation et d’aider à faire surgir un nouveau monde. “Un ciel nouveau et une terre nouvelle” (Saint Jean).
Enfin, le pape Léon, qui veut dire lion, nous invite, par son seul nom, au courage et au combat.
Pensons au premier pape portant ce nom, Léon le Grand, qui arrêta par sa seule parole et son courage les hordes d’Attila aux portes de Rome.
En cette année du Jubilé où l’Église, notre Jérusalem d’ici bas, nous invite à l’espérance, entrons avec Léon XIV dans ce combat sans cesse à renouveler pour l’unité de l’Eglise, la paix dans le monde, l’attention aux pauvres et aux plus faibles, la vérité. Pour hâter la descente de la “Jérusalem du ciel”. Et faire avec le Seigneur “toute chose nouvelle. “
Père Gabriel Ferone
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