Skip to content

Lien vers les lectures du 20e dimanche du temps ordinaire

L’Evangile à l’épreuve du réel

Jésus durant sa vie est passé par des crises existentielles, certainement en constatant – en fonction de la réception de son enseignement et de ses actions, comment il allait être traité : rejeté, condamné, crucifié.
Tant que la foi porte sur des réalités d’en haut, tout va bien, on peut s’entendre (encore que…). Dès que la Parole de Dieu s’affronte au réel, les choses deviennent plus difficiles. Déjà on peut penser à l’opposition entendue dernièrement entre Marthe et Marie ; l’opposition entre les frères qui ont un héritage à partager, tous les pouvoirs que nous exerçons en faisant semblant d’être au service.

J’entends la critique d’un confrère : « Beaucoup, en responsabilité pastorale, parce que c’est leur boulot, parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de se couper de tels ou tels, prônent l’unité et parlent avec tous. Il se pourrait que cela les empêche d’annoncer l’Evangile. Comment être prophète, avoir une parole de feu, comme le glaive à deux tranchants de la Parole ? »

On peut penser aux réalisations de nos évêques : Mgr. Decourtray lorsqu’il a établi un studium de droit canonique dans le diocèse de Lyon, contre la tendance minoritaire de l’époque, et lorsqu’il a permis la célébration des messes en la forme extraordinaire dans quatre lieux du diocèse.
Mgr. Barbarin, quand il a intégré Saint Georges et son équipe de prêtres dans le diocèse de Lyon. Leur permettant ainsi de ne plus être dans la communauté Saint Pierre.
La douceur a un prix, vivre en disciple a un prix. Cela s’exprime par la vie sous la croix.
On peut être tenté d’en finir une bonne fois, même Jésus a hâte de l’accomplissement douloureux de sa Parole, à cause de la grâce.

Père Bertrand Carron

« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49)

Ce feu, c’est l’amour de Dieu : brûlant, transformant, jamais tiède. Il éclaire, réchauffe, purifie… et parfois il brûle. C’est ce feu qui met en marche, qui pousse à avancer avec persévérance.

L’auteur de la Lettre aux Hébreux nous y exhorte :
« Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus » (He 12,1).

Comme l’athlète dans le stade, nous sommes appelés à nous décharger de tout ce qui alourdit notre marche vers Dieu. Saint Grégoire de Nysse reprend cette image au début de La Vie de Moïse , son œuvre principal où il décrit la vie de ce prophète de l’ancien testament comme un cheminement spirituel:

« Aux courses de chevaux, les spectateurs, tout absorbés par la victoire, crient à leurs favoris dans l’arène, même si les chevaux sont déjà pleins d’ardeur. Du haut des gradins, ils participent à la course par leurs regards, pensant exciter encore l’énergie du conducteur. Ainsi, tandis que tu concours magnifiquement dans la course divine, bondissant avec légèreté et tendant sans cesse vers le prix de l’appel céleste, je t’exhorte, je t’encourage, je t’invite à redoubler encore ta vitesse. » (Vie de Moïse, Prologue)

Pour Grégoire, la vie spirituelle est cette course : nous courons, mais nous sommes aussi entourés d’une « nuée de témoins » (He 12,1) qui nous soutiennent. Et cette course n’a pas de ligne d’arrivée fixe, car Dieu est infini :

  • La perfection chrétienne n’est pas un état atteint une fois pour toutes.
  • Même au ciel, même dans l’éternité, nous continuerons de progresser dans la connaissance et l’amour de Dieu.
  • Plus nous le connaissons, plus nous le désirons ; plus nous le désirons, plus nous avançons vers Lui… sans jamais arriver au bout.
  • C’est comme courir vers l’horizon : on s’en approche toujours, mais il recule sans cesse — sauf qu’ici, ce « recul » n’est pas frustrant, il est source d’une joie toujours plus grande.

Grégoire le dit :

« Celui qui s’élance vers l’Infini ne cesse jamais d’avancer et va de commencement en commencement » (II, 233)
« La véritable vision de Dieu consiste à ne jamais se rassasier du désir de le voir » (II, 239)

C’est cela, le feu dont parle Jésus : un désir ardent de Dieu qui ne nous laisse pas nous installer. Une course qui dure toute la vie… et même au-delà.

Mais, comme le rappelle l’épître aux Hébreux, cette course demande de l’endurance. Jésus lui-même, « renonçant à la joie qui lui était proposée, a enduré la croix » (He 12,2). Le feu n’est pas seulement lumière et chaleur : il est aussi purification et combat. Il peut diviser, non parce qu’il est mauvais, mais parce qu’il oblige à choisir : préférer Dieu à toute compromission. Jésus nous prévient : il n’est pas venu apporter une paix superficielle, mais parfois une séparation jusque dans les familles. Nous le savons : il arrive que ceux qui accueillent le feu de l’amour divin avancent, pendant que d’autres refusent d’entrer dans cette course passionnante vers le Bien et la Vérité et restent en arrière.

Frères et sœurs, aujourd’hui, le Seigneur nous invite à rallumer ce feu, à reprendre la course. Non pas avec précipitation, mais avec persévérance, les yeux fixés sur Lui. Plus nous avançons, plus le feu grandit, et plus il nous attire.

Alors, laissons ce feu nous embraser, et courons ensemble vers Celui qui est à la fois notre départ, notre chemin et notre but.

Père Gabriel Ferone

Retrouvez les homélies du père Gabriel et du père Bertrand dans la rubrique « Messes et célébrations » / « Homélies des pères Gabriel et Bertrand » de ce site

Back To Top