Lien vers les lectures du dimanche 7 septembre
Frères et sœurs,
Le Psaume 89 nous met devant une réalité que nous avons souvent du mal à regarder en face : « Mille ans sont à tes yeux comme le jour d’hier qui est passé, comme une veille dans la nuit. »
Le psalmiste exprime ici la fragilité de la condition humaine. L’homme passe, comme l’herbe qui pousse le matin et qui, le soir, est déjà fanée.
Dieu, lui, demeure. Lui seul est éternel. Lui seul est endors du temps. Ce temps qui finit par tout détruire, effacer.
Le temps n’est pas un hasard, ni une malédiction : il est créé par Dieu. Il nous est donné comme un espace où nous pouvons grandir, aimer, chercher la vérité. Mais parce qu’il s’écoule, il nous rappelle que nous ne sommes pas maîtres de notre vie.
Tout ce que nous possédons, tout ce que nous bâtissons finit par s’effacer.
Héraclite, philosophe grec, le disait à sa manière : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. » Tout change, tout coule, rien n’est figé. Et c’est cela qui est difficile pour l’homme : accepter que rien ici-bas n’est éternel. Nous vivons dans un monde qui met souvent toute son énergie à sauver ce qui passe : des biens matériels, des gloires humaines, parfois même la planète elle-même que certains prétendre pouvoir sauver. Certes, prendre soin de la création est une responsabilité qui nous incombe, une mission que Dieu nous a donné, mais nous ne sommes que de simple gérant de son bien et aucunement les propriétaires installé a vie et pour toujours.
Ce qui compte avant tout, ce n’est pas de sauver ce qui est voué à disparaître, mais de sauver son âme, car elle seule est appelée à demeurer en Dieu. Elle seule est éternel. Une seule vie humaine a plus de valeur que tout l’univers réunis et ce qu’il contient.
Le vrai défi, ce n’est pas de vivre un instant d’enthousiasme spirituel, un dimanche de temps en temps, mais d’être fidèle dans la durée.
La vie chrétienne n’est pas un feu de paille, c’est une marche dans le temps, une fidélité renouvelée chaque jour.
C’est pourquoi le psalmiste prie : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours, que nos cœurs pénètrent la sagesse. »
Être fidèle, c’est accepter que le temps passe, que les choses changent, que tout s’écoule dans le grand fleuve de la vie, mais que Dieu reste. Lui seul est notre roc au milieu du fleuve du temps qui coule sans cesse. Lui seul est notre refuge.
Frères et sœurs, tout change, tout passe : notre jeunesse, nos forces, nos projets. Mais si nous plaçons notre confiance dans le Seigneur, alors notre vie prend une dimension éternelle. Là est la vraie sagesse !
Ne nous attachons donc pas aux choses de la terre comme si elles étaient éternelles : elles ne sont que des moyens, pas le but.
Le but, c’est Dieu, Lui qui habite l’éternité. Car
Toute chair est comme l’herbe,
et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe.
L’herbe sèche, et la fleur tombe ;
mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Nous dit Isaïe se souvenant probablement du psaume 89.
Demandons au Seigneur aujourd’hui cette grâce : apprendre à vivre le temps qui passe, non pas dans la peur de perdre ce qui d’ailleurs ne nous appartient pas, mais dans la joie de rester fidèles à Celui qui ne passe pas. Regardons le passé mais pour mieux vivre le présent. Regardons le futur sans rien en attendre, car à chaque jour suffit sa peine. Le temps présent est le seul temps qui nous intéresse. C’est le trésor que nous ne devons pas laisser perdre. C’est le seul bien que nous ne devons pas abandonner si nous sommes disciples du Christ.
Père Gabriel Ferone
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