Lien vers les lectures du dimanche 30 mars
Dans le prologue de l’évangile selon Saint-Jean, Jésus est présenté comme lumière et vie. « Il était la vie et la vie est la lumière des hommes. » Les deux miracles majeurs et décisifs de l’aveugle-né s’ouvrant à la lumière et de lazare ressuscité en témoignent et nous prépare à accueillir à travers la passion du Christ, sa résurrection où éclatera sa gloire divine. La lumière est un des principaux symboles baptismaux. Après le baptême proprement dit, le baptisé reçoit un cierge allumé au cierge pascal, représentant le Christ ressuscité présent au milieu de son peuple. Le célébrant dit alors : « vous êtes devenu lumière dans le Christ. Vivez comme des enfants de lumière. Demeurez fidèle à la foi de votre baptême ! » Saint-Jean nous le rappelle : « le verbe était la vrai lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. » Autrefois nous même avons été ainsi illuminé. C’est d’ailleurs un des termes qui désignent le baptême dans l’antiquité. Illumination parce que le baptême nous donne de contempler la lumière du salut, cette lumière par laquelle nous pouvons voir Dieu. « Par ta lumière nous voyons la lumière », dit un psaume. Le baptême est le sacrement de la foi : voilà pourquoi il est sacrement de lumière. Un jour nous contemplerons Dieu face à face, dans sa gloire, dans son essence divine. Mais l’illumination baptismale nous permet, dans la foi, de le voir, dès maintenant. Cependant l’aveugle-né nous rappelle notre condition humaine depuis la faute originelle, depuis la faute d’Adam et d’Ève. Dès la naissance il y a en nous une carence, une cécité spirituelle, une sorte de mort dont le Christ nous tire en nous disant : « Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. » Le baptême nous arrache au sommeil spirituel, à la puissance des ténèbres. Cependant l’évangile nous offre le spectacle désolant de l’incrédulité des hommes. « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. Si la lampe de vos yeux est ténèbres alors tout votre être est ténèbre. » Et les pharisiens ne voient pas la lumière qui est parmi eux. Au contraire cette lumière les aveugles davantage encore et semble comme endurcir leurs cœurs. L’homme laissé à ses seules forces, sans doute, par sa seule raison peut parvenir à une certaine vérité et connaître Dieu. La foi de l’église défend vigoureusement sur ce point la grandeur et le pouvoir de la raison humaine. C’est un fruit du concile Vatican 1. Mais si, dans l’absolu, l’homme peut arriver à la connaissance de Dieu, comme cela lui reste en pratique difficile et combien peu y parviennent, et au prix de combien d’efforts ? Quel danger il y a pour l’homme de se faire un Dieu à son image, et de se faire des dieux de ses illusions, de ses passions ! De plus la connaissance que l’homme pourrait avoir de Dieu par la seule lumière de sa raison reste borné et s’arrête au seuil de l’impénétrable mystère de Dieu : “Dieu personne ne l’a jamais vu, il habite une lumière inaccessible”. En vérité il est impossible à l’homme de connaître Dieu sans Dieu. Il faut que Dieu lui-même se relève à l’homme et que sa parole, s’incarnant, vienne lui faire la confidence des secrets du Père. Il faut que Dieu parle à l’homme. Mais en retour, il faut que l’homme puisse entendre cette parole, que son intelligence s’ouvre à la lumière du verbe venant en ce monde. “Aussi Dieu nous à t’il arraché à l’empire des ténèbres et transféré dans le royaume de son Fils bien aimé pour que nous puissions partager le sort des saints dans la lumière”. Si le baptême sacrement de la foi, est ouverture à la parole de Dieu, cette parole est vivante, énergique, elle pénètre au plus profond de l’âme humaine. Pour que l’âme s’ouvre au verbe et l’accueille, il faut qu’elle accepte, au prix parfois de grand renoncement, de vivre une véritable purification. Et cela peut être douloureux car il faut renoncer à toutes les béquilles de notre cécité et marcher, debout, comme des enfants de lumière. Comme le rappelait Pie XII en 1937, dans une lettre encyclique, qui est une condamnation sans appel du Nazisme : « Ne crois pas en Dieu celui qui se contente de faire usage du mot Dieu dans ses discours, mais celui-là seulement qui à ce mot sacré unit le vrai et digne concept de la divinité. » Il ne suffit pas d’écrire sur sa ceinture “Gott mit uns” , Dieu avec nous, ou sur ses billets de banque, “İn God we trust”, “nous croyons en Dieu”, pour être de véritable croyant. Notre foi ne peut être un simple slogan. Elle doit être enracinée. La mission des chrétiens, des baptisés est de faire connaître l’évangile de vie dans le tissu de la société, pour transformer le cœur des hommes et les structures de la société, de manière à créer une civilisation de justice véritable et d’amour. Aujourd’hui plus que jamais, dans un monde qui se trouve sans lumière et sans idéal, les hommes ont besoin vitalement de l’évangile.
Cet évangile ne doit pas être dissimulé dans la vie privée. Il doit être mis bien en vue de telle sorte que les hommes puissent voir sa lumière et être illuminé et connaître leurs Père des cieux comme des fils qu’ils sont. Plus nous nous purifions de nos fausses acceptations de Dieu, plus le Christ se montre à nous. Plus il se fait connaître à nous, plus nous l’aimons, plus nous l’aimons plus nous le saisissons par l’esprit. Ce n’est que sur la face du Christ en croix, mais déjà transfiguré, que nous pourrons voir le Dieu véritable, le contempler et être lumière pour le monde. Il n’est pas le Dieu des morts, il est le dieu des vivants, il est lumière et vie.
Père Gabriel Ferone
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