Lien vers les lectures du dimanche 19 janvier
Homélie du père Gabriel
— Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue.
A première vue, on ne comprend absolument pas cette interpellation énigmatique et rude de Jésus.
Comment comprendre cette apparente rudesse?
Le terme « Femme » peut paraître abrupt ou irrespectueux dans une lecture moderne, mais dans le contexte culturel juif de l’époque, il ne s’agissait pas d’un manque de respect. C’était une manière formelle mais respectueuse de s’adresser à une femme, semblable à « Madame » dans certains contextes actuels. Jésus utilise cette même expression depuis la croix lorsqu’il confie Marie à l’apôtre Jean (Jean 19:26). “Femme, voici ton fils…”
Quant à l’expression « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? » :
Cette expression est une tournure sémitique utilisée dans la Bible pour signifier une divergence de point de vue ou de rôle. Elle peut se traduire par : « Que me demandes-tu ? » ou « Quel lien cette affaire a-t-elle avec moi ? » Jésus semble indiquer que son ministère public, et en particulier les miracles, suit un calendrier divin, pas humain.
En d’autres termes, Jésus souligne que, bien qu’il respecte sa mère, ses actions sont guidées par la volonté de son Père céleste, et non par des attentes humaines, même celles de Marie.
En fait, le sens profond du passage apparaît dès lors qu’on lie cette parole abrupte adressée à Marie à la phrase qui suit aussitôt : « Mon heure n’est pas encore venu« . C’est le contexte et l’évocation de « l’heure », ici mentionnée pour la première fois par Jésus, qui permet d’éclairer cette réponse adressée à sa mère.
En effet, dans l’Evangile de Jean, quand Jésus parle de l’heure (« mon heure n’est pas encore venue » en Jn 7,6 ou plus tard « mon heure est venue » en Jn 12,23), il parle de l’heure de sa Passion, de sa mort sur la croix, qui annonce la gloire de la résurrection.
C’est pour cela que Jésus met à distance sa mère : ce n’est pas à elle de lui indiquer le moment du début de sa Passion.
En effet, si Jésus semble rejeter la demande de sa mère, il réalise pourtant effectivement un miracle et transforme l’eau en vin.
Jésus donne du vin aux convives et résout le problème matériel. Mais l’évangéliste suggère un autre mode de lecture, un sens symbolique.
Dans la Bible, le vin a une symbolique nuptiale : dans le Cantique des Cantiques, qui est par excellence un poème de fiançailles, cette boisson est toujours mentionnée comme symbole de l’amour.
La symbolique du vin se déploie graduellement. Pendant la dernière Cène, Jésus parlera de lui-même comme la vraie vigne (Jn 15,1-8). On comprend alors que dans cet épisode des noces de Cana, le vin préfigure le don parfait de soi-même.
C’est Jésus qui se donne et se fait nourriture pour les hommes. En changeant l’eau en vin, c’est comme son sang que le Christ donne à boire aux convives, comme une préfiguration de la Cène lors de son dernier repas.
Père Gabriel Ferone
Homélie du père Bertrand
Noces du 3ème jour
« Le 3ème jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. »
Cana, c’est une noce, c’est une famille, c’est un couple heureux. Il n’y a qu’un seul désir en nous. Il est sexué et il conduit à Dieu.
Le vin représente la fête.
À Cana commencent les signes de Jésus. À Cana Jésus inaugure son heure – celle de la croix où il versera son sang, donné pour boisson aux hommes. Deux éléments du récit en font preuve : Le 3ème jour, jour de la Résurrection, et l’heure qui n’est pas encore venue – mais qui vient.
Cette noce est une béatitude : Cana, c’est une noce, c’est une famille, c’est un couple heureux. Il n’y a qu’un seul désir en nous. Il est sexué et il conduit à Dieu. Les noces de Dieu avec son peuple commencent à Cana, et n’ont pas de fin.
« Cette première semaine de Jésus s’achève, selon Jean, par les noces de Dieu avec l’humanité, sa fiancée, comme la semaine de la création de la Genèse s’achevait par les noces d’Adam et Ève. »
Désormais Dieu épouse son peuple sous le regard de sa mère, à la prière de sa mère, L’Eglise.
C’est une noce qui nage dans le bonheur : désormais le vin est donné sans mesure : 600 litres ! C’est-à-dire 800 bouteilles. Une bouteille par personne si il y a 800 convives : jolie Noce.
Il s’agit du même festin que nous célébrons aujourd’hui. Une fête continuée tous les jours de notre vie. Je pense à cette femme rencontre un jour par Michel Dubost. Très vielle dame, engagée profondément, magnifiquement coiffée. Elle lui avait dit : « A mon âge, on peut mourir à chaque instant et je veux que le Seigneur me trouve bien coiffée ». Cette fête de Dieu avec nous arrête le temps et rend désirable la rencontre lors du festin définitif.
Père Bertrand Carron
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