Lien vers les lectures du dimanche des Rameaux et de la Passion de Notre Seigneur
Homélie du père Bertrand
Enfin, Jésus est au centre de tout
Enfin Jésus est à sa vraie place, au centre de tout et sur la croix. Dans l’épisode de la femme adultère, nous avons vu que la femme était au centre, car c’est comme cela que Dieu voit. Maintenant, Jésus est au centre, car il est parfaitement humilié, rejeté et condamné. Nous l’avons mis sur la croix.
Il est à sa juste place, la place de ceux qui blasphèment le nom de Dieu, qui mangent avec les pécheurs et leur font bon accueil. Cette-fois-ci bon débarras.
Lorsque nous cherchons Jésus dans la prière et la piété, il faut nous souvenir de cette passion pour tous et toutes qui emportent l’amour pour tous et toutes. Nous ne pouvons pas ne pas aimer tous ceux qui nous entourent, puisque Jésus nous aime sans condition alors même que nous le jugeons et le mettons sur la croix. Saurons-nous aimer nos frères et sœurs comme nous déclarons aimer le Christ ? Ou saurons-nous enfin déclarer ouvertement notre hypocrisie ?
Père Bertrand Carron
Homélie du père Gabriel
Aujourd’hui, tout commence vraiment !
Aujourd’hui, Jésus entre à Jérusalem pour donner sa vie. Pour moi, pour toi, pour chacun de nous.
Aujourd’hui, tout se mêle — le meilleur et le pire, la gloire et la croix. Il faut imaginer la scène : la foule, les cris de joie, les couleurs. C’est l’Orient compliqué, plein de vie, de soleil et de passion.
Regardons bien la scène avec attention.
D’abord, il y a du vert partout : une forêt de rameaux qui s’agitent autour de Jésus pour l’acclamer. Le vert, c’est la couleur, de l’espérance, dans la liturgie latine du temps ordinaire. C’est la joie de la foi populaire, la foi des simples, des petits. C’est la couleur de ceux qui confient leur vie naturellement, sans se plaindre, dans les mains de Jésus.
Aujourd’hui, ils l’acclament, mais pris dans le tourbillon de leur vie quotidienne, de leurs tâches, de leurs difficultés, cette fête risque d’être un feu de paille.
Malheureux sommes-nous si nous accueillons le Christ dans nos vies seulement de temps en temps. Chaque jour, nous devrions le recevoir et l’acclamer avec les rameaux de notre vie ordinaire. C’est pour cela qu’aujourd’hui, Jésus entre à Jérusalem…
Il y a aussi le rouge de la Passion, la couleur du roi, la couleur de la messe d’aujourd’hui, car c’est aussi celle du sang, de la vie offerte, de l’amour. Et c’est aussi la couleur du sarcasme, du manteau rouge dont les soldats romains couvrirent Jésus pour se moquer de lui. C’est le rouge du sang versé sous les coups des bourreaux et sous la couronne d’épines.
C’est le sang de la croix, versé pour notre humanité pécheresse, notre humanité qui, aujourd’hui encore, continue de trahir, d’abandonner, de couronner d’épines et de crucifier le roi de l’univers, l’amour humilié.
L’amour n’est pas aimé.
« L’amour n’est pas aimé », répétait saint François en méditant la Passion du Christ. Non, l’amour n’est pas aimé, parce que nous ne voulons pas aimer véritablement et nous ne voulons pas accompagner Jésus sur son chemin de croix.
Oui, nous voulons bien l’acclamer quand il vient dans sa gloire, quand il nous sert à quelque chose, mais nous ne voulons pas le suivre là où il veut nous emmener : sous sa croix, là où il peut nous donner le sang de son amour.
Qui accompagnera Jésus jusque-là ?
Qui n’aura pas peur de parler devant ceux qui se moquent ?
Qui osera dire : « Je le connais, je suis chrétien ! » ?
Il y a des couleurs, mais aussi de l’obscurité. Cette ombre qui plane au-dessus de Jésus et de la foule qui l’acclame…
Sous le regard rempli de haine de ses ennemis — ces cœurs déjà prêts à trahir à la première occasion — plane l’ombre de la mort.
Il y a les rameaux qui se lèvent vers le ciel, mais bientôt, ce seront des poings qui se lèveront, et des cris appelant la mort.
Jésus, lui, ouvre déjà les bras.
Son regard est droit, il n’a pas d’ombre en lui. L’ombre ne trouve rien en lui à quoi se raccrocher.
C’est le Christ. « Christ » signifie « celui qui est oint ».
C’est en recevant l’onction que les rois étaient faits rois, du roi David jusqu’à tous les rois de France. .
Cette huile fait penser aussi a celle qui était utilisée par les lutteurs grecques pour que leurs adversaires ne puissent pas les saisir, car ils glissaient.
C’est cette huile spirituelle la que nous avons reçue le jour de notre baptême, qui fait que l’ombre ne peut pas nous attraper — si nous ne le permettons pas.
L’ombre, c’est le désespoir de ceux qui ne veulent pas recevoir le Christ, qui refusent d’être aimés par lui, qui rejettent l’amour et préfèrent la rancune, l’orgueil, la sensualité, la haine.
L’ombre, c’est le désespoir de ceux qui ne veulent pas se repentir, qui refusent de rejeter la part d’ombre qu’ils ont en eux, qui ne veulent pas être petits et humbles dans les mains de Dieu.
Et pourtant, lui seul pourrait illuminer leurs cœurs, sécher leurs larmes qu’ils cachent dans la partie la plus profonde de leur vie.
Au milieu de toutes ces couleurs vives, il y a aussi un peu de gris.
La couleur la plus terne, la plus ordinaire, la plus commune.
C’est la couleur de l’âne gris que Jésus monte.
Souvenez-vous : il était déjà à Bethléem. Il est encore là aujourd’hui, en première ligne pour le dernier acte. Il voit tout, comprend tout — les rameaux, le manteau rouge de son roi humilié, et l’ombre.
Il ne se laisse pas tromper. Il connaît bien le cœur des hommes.
Ce petit animal porte celui qui porte tout : le roi de l’univers, le créateur de tout.
Il le sait, et il sait qu’il conduit son cavalier vers la gloire — mais cette gloire passe par le chemin de la croix, par le chemin tortueux et plein d’épines du cœur humain.
Cet âne, c’est aussi notre âme.
C’est nous, quand nous portons le Christ dans notre cœur !
Aujourd’hui, le roi de nos âmes, du ciel et de la terre, fait son entrée à Jérusalem et nous appelle à le suivre, à le porter jusqu’au bout, à être comme ce petit âne gris sur lequel il vient jusqu’à nous.
Cet âne est gris : c’est la couleur de l’humilité et de la fidélité.
Sans ces vertus, il n’y a pas d’amour, pas d’espérance, pas d’entrée à Jérusalem avec Jésus.
Le gris, c’est la couleur de la poussière du chemin que nous devons emprunter et sur lequel nous devons persévérer humblement, fidèlement, comme celui qui fut humble et fidèle jusqu’au bout — notre Seigneur.
Le serons-nous ?
Saurons-nous ouvrir notre cœur, nos yeux, nos oreilles, les portes de notre âme à celui qui veut vivre en nous, pour faire de nous son petit âne gris, avec lequel il va continuer son chemin dans ce monde ?
Petit âne simple, aimant et repentant.
Gris à l’extérieur, mais sans ombre à l’intérieur de son cœur.
Un cœur rempli de toutes les couleur, et nuance de l’arc-en-ciel — et, au milieu, regardez bien! — on y voit aussi le vert de l’espérance et le rouge de l’amour.
Père Gabriel Ferone
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