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Lien vers les lectures de la solennité du Christ Roi de l’Univers

Christ, Seigneur de l’univers

En ce jour du Christ, Seigneur de l’univers, où nous célébrons la venue du Christ dans la gloire, nous nous rappelons que cette venue nous est révélée par la parole de Dieu, reçue dans la foi et en Église.

Dans les tympans de nos églises, cette scène du retour du Christ est souvent représentée. On y ajoute généralement les quatre évangélistes qui entourent le Christ nimbé de gloire, à travers la symbolique des « quatre vivants ». Cette vision, issue du prophète Ézéchiel, est reprise par saint Jean dans l’Apocalypse : le lion pour saint Marc, l’aigle pour saint Jean, l’homme ou l’ange pour saint Luc, et le bœuf pour saint Matthieu.

Dans la tradition chrétienne, le lion désigne saint Marc, dont l’Évangile commence dans le désert où rugit le lion. Le bœuf, animal du sacrifice, symbolise saint Luc, qui débute son Évangile en montrant Zacharie dans l’exercice de ses fonctions sacerdotales. L’homme représente saint Matthieu, car son Évangile commence par la généalogie humaine de Jésus. Enfin, l’aigle est associé à saint Jean, dont l’Évangile, dès le prologue, contemple la divinité.

Ces quatre créatures, appelées « les quatre vivants », tournoient autour du trône de Dieu en proclamant et révélant sa sainteté. Dieu, en effet, ne se révèle pas ordinairement à nous directement, mais par la médiation de l’Église, qui nous présente la parole de Dieu comme une parole vivante.

Cette parole, bien qu’unique dans son essence, est multiforme. Elle a un seul visage, celui du Christ, mais ce visage s’adapte à chacun : que nous soyons une brebis perdue, blessée, fatiguée ou, au contraire, vigoureuse. Selon notre condition – homme ou femme, Français ou étranger, riche ou pauvre, prisonnier ou libre, malade ou en bonne santé – Jésus nous présente un visage et un message qui répondent à nos besoins.

De même que le Dieu de la foi chrétienne est un Dieu en trois personnes, il existe quatre Évangiles, et non un seul. Pourtant, il y a quatre chemins pour aller à Dieu, même s’il n’y a fondamentalement qu’un seul chemin : le Christ, qui vient à notre rencontre.

Il existe un chemin, mais il y a quatre voies menant à une même destination. Il y a une seule parole, mais quatre voix qui résonnent différemment pour composer un même message. Saint Irénée insiste sur cette harmonie cosmique et spirituelle en affirmant :

« Il est donc évident que le Verbe, l’Artisan de tout, Celui qui siège au-dessus des Chérubins et qui soutient toutes choses, lorsqu’il s’est manifesté aux hommes, nous a donné un Évangile quadriforme, maintenu par un seul Esprit » (Contre les hérésies, Livre III, chap. 11, 8).

Pour saint Irénée, cette structure quadriforme reflète l’ordre divin et universel. Les quatre Évangiles correspondent aux quatre éléments (eau, air, feu, terre), aux quatre piliers sur lesquels repose le monde, ainsi qu’aux quatre points cardinaux, symbolisant l’ensemble des nations. Ces Évangiles sont destinés à atteindre les quatre extrémités de la terre.

  • Saint Marc, à l’image du lion qui rugit dans le désert, propose un chemin abrupt, sans concession. C’est l’Évangile de la croix, d’une parole qui saisit l’homme d’un coup.
  • Saint Luc propose un chemin de miséricorde – lui seul raconte la parabole du Bon Samaritain. Le Dieu qu’il révèle est empreint d’humanité, comme en témoigne l’Annonciation, où Marie donne son consentement.
  • Saint Jean est l’Évangile de l’amour, qui s’élève comme l’aigle. L’amour dépasse la foi et ne passera jamais. Jean contemple en Dieu ce qui est éternel et divin.
  • Saint Matthieu, ancré dans l’histoire des hommes, symbolisé par le bœuf, raconte la filiation humaine de Jésus et sa naissance à Bethléem, la cité de David.

Chaque évangéliste révèle un visage de Dieu. Cette diversité nous invite à accueillir nos différences de sensibilité, nos manières variées de prier et de croire.

L’Église n’est pas un parti politique, mais un chemin. Elle n’est pas une armée en marche, mais un peuple. Quelles que soient nos origines, nous savons que Dieu a préparé une place pour chacun de nous dans sa bergerie. Nous sommes uniques pour lui.

L’Église ne produit pas des chrétiens comme des usines en Chine fabriquent des objets en série. Elle engendre chaque enfant de Dieu de manière unique. « Unique est ma colombe », dit le Cantique des cantiques.

Le Christ ne propose pas un chemin unique, comme le feraient des idéologies ou des sectes. Il invite au chemin. Qu’il soit le bon berger qui part à la recherche de sa brebis, le Christ ressuscité qui nous sauve de la mort, ou le Christ en gloire qui revient pour juger les vivants et les morts, c’est toujours le même Seigneur.

Il n’est pas seulement miséricorde, ni seulement justice, ni seulement vérité ou beauté. Il est tout cela à la fois. Nous ne pouvons qu’être émerveillés devant un Dieu bien plus grand que ce que nous connaissons de lui et, dans l’action de grâce, accueillir tout ce qu’il nous révèle à travers nos différences.

Ces différences ne doivent pas nous séparer, mais nous unir. L’Église est un jardin où poussent une multitude de fleurs. Dieu aime autant le majestueux lys que la modeste pâquerette. Même celle qui, en apparence, semble une mauvaise herbe a sa place dans le jardin de Dieu.

Si nous voyons notre Église comme un beau jardin, beaucoup viendront s’y promener et, peut-être, découvrir le visage du Dieu vivant au détour d’un buisson.

Père Gabriel Ferone

Retrouvez les homélies du père Gabriel dans la rubrique « Messes et célébrations » / « Homélies du père Gabriel » de ce site

Cet article comporte 4 commentaires

  1. Merci pour votre homélie que l on peut consulter:
    Que l Église est un chemin,qu’elle que soient nos origines,que sommes chacun unique pour Dieu .
    Et nous rappeler les symboles des quatres évangiles

  2. Merci Père Gabriel pour cette belle homélie, empreinte de mille feux qui nous pousse à réfléchir, à avancer et nous incite à entrer dans ce jardin et à rencontrer Dieu… même près du buisson. Merci pour cette belle image.
    A bientôt pour d’autres homélies qui nous aide à nous rapprocher de l’Eglise.

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