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Lien vers les lectures du 1er dimanche de l’avent

Titanic

« Nous sommes embarqués », disait Pascal.

Pascal utilise cette métaphore pour exprimer l’idée que les êtres humains, dès leur naissance, se trouvent engagés dans la condition humaine, sans en avoir le choix. Nous sommes embarqués dans le bateau de la vie sans trop savoir pourquoi ni pour quelle destination. Cela reflète ainsi la fragilité et l’incertitude de la vie, comparée à un voyage en mer, où l’on ne contrôle pas toujours les vents ou les courants. Ou encore, la rencontre fortuite d’un iceberg.

Beaucoup d’entre vous ont vu le film Titanic. Ce film a connu un grand succès en son temps. Une des raisons tient peut-être au fait qu’il est, d’une certaine manière, une parabole sur la précarité de l’existence humaine.

Que nous le voulions ou non, nous sommes tous embarqués sur le même navire. La vie sur ce vaisseau se déroule normalement : on s’amuse, on mange, on aime, on se trahit, on passe le temps comme on peut, puis, tout d’un coup, c’est le naufrage. La fin du monde, en quelque sorte. Un jour, en effet, ce monde va s’achever. Pour nous, cela sera le jour de notre mort ; pour le monde, ce sera le jour du retour du Christ. Dans tous les cas, nous ne savons ni le jour ni l’heure.

Mais ce que nous savons, contrairement aux passagers du Titanic, c’est que cela arrivera. Eux pensaient leur navire insubmersible. Nous, cependant, n’avons pas à craindre cette fin, car ce ne sera pas tant une fin qu’un accomplissement. Ce ne sera pas la fin, mais le commencement ; pas la mort, mais la vie. Ce ne sera pas un abîme sans fond qui s’ouvrira devant nous, mais un océan de vie où l’amour du Christ nous submergera.

Il nous faut cependant nous tenir prêts à son retour. Veiller signifie demeurer dans l’attente de ce retour, en prenant garde de ne pas laisser nos cœurs s’appesantir. Il y a, en effet, des choses en nous comme des boulets qui nous entraînent vers le fond. C’est la loi de la pesanteur qui existe dans la nature, mais aussi dans nos cœurs, à un niveau spirituel.

Au début de la prière eucharistique, le prêtre invite les fidèles à élever leur cœur, et le peuple répond : « Nous le tournons vers le Seigneur. » Pour que notre cœur devienne plus léger et puisse s’élever, il suffit de se tourner vers le Seigneur. Comme Saint Jean, qui, lors de la dernière Cène, laissait reposer sa tête contre le cœur de Jésus pour ne s’attacher qu’à Lui, contrairement à Judas Iscariote. Ce dernier, le cœur appesanti, quittait le Maître pour entrer dans la nuit, le cœur attaché à sa bourse, aux quelques deniers qu’il allait empocher comme prix de sa trahison.

C’est ce cœur à cœur de Jean avec Jésus qui lui a permis de rester fidèle au pied de la croix, seul disciple à ne pas avoir abandonné son Maître.

Sulpice Sévère, le biographe de Saint Martin de Tours, raconte qu’un jour, alors que Saint Martin était en prière dans sa cellule monastique, le démon lui apparut, déguisé sous les traits du Christ : il avait l’air jovial, revêtu d’un costume d’empereur romain, et invitait Saint Martin à le reconnaître comme son Dieu et à l’adorer : « Je suis le Christ. » Saint Martin, éclairé par l’Esprit, lui répondit : « Pour ma part, je ne croirai à la venue du Christ que s’il se présente avec les habits et l’esprit qu’il avait lors de sa Passion, et s’il porte clairement les marques de la croix. » À ces mots, l’autre s’évanouit aussitôt comme une fumée.

Nous devons, comme nous l’enseignent les Saints, nous tourner vers le Christ qui vient portant les marques de ses souffrances.

Beaucoup de faux prophètes, aujourd’hui, cherchent à nous tourner vers de faux christs. Je parle ici de toutes ces sectes qui annoncent la fin du monde avec force descriptions et présentent le Christ comme un juge redoutable venant punir l’humanité. Mais je parle aussi de tous ceux qui veulent évacuer de la foi chrétienne la croix du Christ, réduisant la foi à un vague sentiment humaniste fait de tolérance et de bons sentiments.

Le Christ, pourtant, nous appelle à veiller, à être des éveillés, à ne pas dormir. Si nous sommes attentifs, nous entendons, autour de nous, les flots de la mer qui montent : ce lent travail de sape de ceux qui veulent détruire, déconstruire, vider de leur substance notre pays, notre culture, notre foi et l’être humain lui-même.

Mais nous savons que nous ne sommes pas sur un radeau ni sur le Titanic, réputé insubmersible à son époque, mais sur la barque de l’Église. Ce navire a connu bien des tempêtes, et certains de ses fils l’ont même abandonné pour poursuivre leur route sur de pauvres pirogues. Mais, au milieu des tempêtes et des icebergs, il faut un navire solide et une main ferme sur le gouvernail : le Christ nous conduira à bon port, n’en doutons pas.

À la fin du film Titanic, l’héroïne est sauvée par le sacrifice de son bien-aimé. Elle est sauvée par une planche de bois. Cela ne vous rappelle-t-il rien ? Le Christ ne s’est-il pas livré pour son épouse, l’Église ? N’a-t-il pas donné sa vie pour elle ? Il l’a sauvée avec deux planches de bois : le bois de la croix.

Attachons-nous donc fermement à cette croix qui nous fera échapper aux flots de la mort, et restons attentifs aux signes du temps, le regard tourné vers Celui qui vient, portant les marques de sa Passion, mais dans la puissance et la gloire.

Père Gabriel Ferone

Retrouvez les homélies du père Gabriel dans la rubrique « Messes et célébrations » / « Homélies du père Gabriel » de ce site

Cet article comporte 1 commentaire

  1. J’apprécie beaucoup les homélies du Père Gabriel très agréables à lire et qui aident à comprendre les textes du jour. On peut les lire plusieurs fois.
    Merci Père Gabriel

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