Lien vers les lectures du 33e dimanche du temps ordinaire
Ce discours de Jésus que nous venons d’entendre pourrait nous inquiéter. Pensons aujourd’hui à tous les événements tragiques, aux conflits, aux désastres climatiques que les médias nous rapportent abondamment chaque jour, créant d’ailleurs une ambiance d’anxiété générale. On se demande alors : « Où est Dieu là-dedans ? Que fait-il ? Où allons-nous ? Il n’y a plus d’avenir. » Mais Jésus n’est pas un journaliste d’une chaîne de télévision anxiogène !
Certes, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, l’histoire du monde non plus. Elle ressemble souvent à un torrent tumultueux et dévastateur où tout n’est que bruit et fureur, comme dit Shakespeare. Pourquoi ? Pour deux raisons. Tout d’abord, ce monde est un monde inachevé, souffrant dans les douleurs de l’enfantement, marqué par l’imperfection. Ensuite, parce que tout ce qui a un début a une fin. Dans ce monde, tout passe, rien ne dure. Ce n’est pas seulement notre soleil, mais l’univers entier qui est appelé à s’éteindre lorsque le dernier soleil, la dernière étoile, s’éteindra. Ici-bas, tout est provisoire.
Devant ce tableau, nous pourrions dire comme les épicuriens : « Mangeons et buvons, car demain nous serons morts. » Ou bien agir comme certains chrétiens de l’époque de Saint Paul, qui avaient cessé de travailler et d’agir dans le monde parce qu’ils pensaient que le retour du Christ était imminent.
Mais dans la seconde partie de l’Évangile de ce jour, Jésus attire notre attention vers une autre réalité : « Regardez le figuier : dès que ses branches deviennent tendres, vous savez que l’été est proche ; il est là, à votre porte. » Autrement dit, au milieu des détresses, des calamités et des changements de toute sorte qui nous déstabilisent, ne vous inquiétez pas outre mesure. Soyez, au contraire, attentifs aux signes d’un monde nouveau en train de naître en silence, comme un merveilleux printemps.
« Quand une maman enfante, disait Jésus, elle est dans les douleurs, mais quand elle a mis au monde son enfant, elle est tout à la joie de serrer dans ses bras son nouveau-né. » Les douleurs n’ont qu’un temps, elles passent. Le monde présent passera, si beau soit-il, pour qu’advienne un monde tout neuf, une nouvelle création.
Nous devons donc comprendre que nous sommes en marche. Le monde est en marche vers le but pour lequel Dieu a créé toutes choses. N’est-il pas le maître de l’histoire ? N’est-ce pas vers lui que nous allons et dont nous nous rapprochons chaque jour ? Ce n’est pas la fin du monde que nous attendons dans la crainte, mais la venue du Christ !
Oui, aussi sûrement que le printemps, puis l’été, reviennent chaque année, le Seigneur reviendra pour rénover toutes choses. Ayant compris cela, et ayant abandonné le désir prométhéen de tout contrôler, de tout dominer — la terre comme la vie — nous ne pouvons pas rester les bras ballants à festoyer comme le riche de la parabole du pauvre Lazare, ni attendre passivement son retour, sans rien faire. Aujourd’hui le Christ comme le pauvre frappe tous deux a notre porte!
Sachons sans tarder préparer ce Monde Nouveau qui croît et grandit chaque jour, et travaillons dans ce sens : en nous mettant au service de tout ceux qui frappent à notre porte, en partageant avec les plus démunis, en accueillant et en pardonnant, en agissant dans un esprit de justice et de paix. Et surtout, en accueillant le Seigneur dans notre vie, car c’est lui qui, à travers nos mains et nos cœurs, est appelé à agir !
Vivons tout simplement de notre baptême. Ce jour-là, nous avons reçu la vie éternelle. Nous sommes passés d’un monde où règnent la mort et la finitude à un monde de vie, une vie sans limite.
Sachons voir les bourgeons du Royaume de Dieu qui commencent à s’ouvrir : chaque baptisé est une fleur appelée à pousser dans le désert de ce monde, chaque baptisé est un arbre appelé à étendre ses branches pour former, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel, des oasis de vie, autant de brèches ouverte vers le ciel.
Plutôt que de nous arrêter sur les arbres qui tombent avec fracas, regardons la forêt qui pousse en silence. Ce sont tous les gestes d’amour que nous avons posés et qui sont inscrits éternellement dans le livre de Dieu, dont parle le prophète Daniel, où sont écrits en lettres de sang, le sang du Christ versé sur la Croix, les noms de ceux qui dormaient dans la poussière et qui s’éveilleront pour la vie éternelle. Veillons a ce que nos noms y soient bien inscrit !
Père Gabriel Ferone
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