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Lien vers les lectures du dimanche 26 octobre

Deux hommes montent au Temple pour prier.
L’un est pharisien, l’autre publicain.

Le pharisien dit :
« Je te rends grâce, ô Dieu, de n’être pas comme les autres hommes. »
S’il avait au moins dit : « comme beaucoup d’hommes »…
Mais non : les autres hommes, c’est-à-dire tous, sauf lui-même.

« Moi, dit-il, je suis juste, les autres sont pécheurs. Je ne suis ni voleur, ni injuste, ni adultère, et surtout pas comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine, et je donne la dîme de tout ce que je possède. »
Le pharisien expose devant Dieu ses mérites, comme s’il voulait Lui présenter la facture de sa vertu.
Non seulement il évite les fautes dont se souillent les autres hommes, mais il fait de Dieu, par ses œuvres, son débiteur.

La Loi prescrivait de jeûner une fois l’an : lui jeûne deux fois par semaine.
Elle demandait la dîme sur les récoltes et les troupeaux : lui la verse sur tous ses biens.
Mais qu’est-il venu faire au Temple ?
Cherchez bien : il ne demande rien.
Il était monté pour prier, mais au lieu de s’adresser à Dieu, il se contemple lui-même.
Et pire encore, il méprise son frère qui prie à côté de lui.

Le péché du pharisien, c’est de faire une prière sans prier — une prière sans esprit ni vérité.
Il reste à la périphérie de lui-même, sans chercher à entrer dans le sanctuaire de son cœur.
Il est si plein de lui-même, de sa science et de sa vertu, que Dieu ne trouve pas en lui la moindre place où déposer sa grâce.
Comment Dieu pourrait-il le combler ?
Et pourtant, Dieu le voudrait : Il veut exaucer la prière de tous les hommes.
Mais Il ne peut entendre celle du pharisien, car le pharisien n’a pas besoin de Dieu : sa propre justice lui suffit.

Celui qui se croit sans faute n’attend plus rien de Dieu.
Il se tient au milieu du Temple, la tête haute, réduisant Dieu au silence — comme un roi sur son trône.
Aucun festin du fils prodigue pour lui, aucun veau gras, aucun père aux bras ouverts : rien à lui offrir, puisqu’il se croit déjà comblé.

Au fond du Temple, dans l’ombre, se tient le publicain.
Il garde ses distances, mais c’est lui qui est le plus proche du cœur de Dieu.
Il n’ose même pas lever les yeux au ciel : afin d’être regardé, il ne regarde pas.
Sa conscience l’accable, mais son espérance le relève.
Car sa foi en la miséricorde de Dieu fonde toute sa prière.

Il se frappe la poitrine : non pour accuser les autres, mais pour confesser ses fautes.
Et il dit simplement :

« Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. »

Voilà un homme qui prie.
Il ne se justifie pas, mais c’est Dieu qui le justifie.
Et Jésus en fait l’éloge.

Mais attention : ce n’est pas parce qu’il est pécheur que Jésus le glorifie,
c’est parce qu’il reconnaît son péché et vient au Temple pour se convertir.
Il sera délivré de ses fautes parce qu’il aura accepté d’en être chargé.

Dieu ne peut pardonner que les péchés que nous Lui offrons.
Si nous préférons les garder dans notre cœur, dans un amour secret de nous-mêmes, alors Dieu nous les laisse.
Et nous portons seuls la croix de notre volonté propre.
Mais si nous nous abaissons, le Christ vient nous aider à porter la croix de notre vie.
Si, au contraire, nous comptons uniquement sur nos propres forces, Dieu ne peut rien faire :
Lui, le Tout-Puissant, est alors réduit à l’impuissance.

Dieu n’habite que dans le temple du cœur humble.
Sainte Thérèse de Lisieux disait :

« Ce n’est pas à la première place que je cours, mais à la dernière.
Au lieu d’avancer avec le pharisien, je redis, pleine de confiance, l’humble prière du publicain. »

Cet homme repentant qui murmure aujourd’hui :

« Seigneur Jésus, prends pitié de moi, pécheur » —
que ce soit donc moi, que ce soit chacun de nous.

Même si nos péchés étaient écarlates, ils deviendront blancs comme neige.
Et le Seigneur, comme un Père, sera toujours prêt à nous accueillir.
Car il est une chose à laquelle Dieu ne peut résister :
la larme d’un enfant venu Lui demander pardon.

Quand un homme s’incline humblement devant Dieu,
le Père s’empresse de le relever.
Et ainsi s’accomplit la parole :

« Celui qui s’abaisse sera élevé. »

Gardons-nous cependant de voir le pharisien seulement chez les autres.
Il y a aussi en nous un pharisianisme du publicain :
Il est aussi vain de jouer les humbles au dernier rang que les justes au premier.

Combien disent :
« Je ne pratique pas, car à l’Église il n’y a que des hypocrites ! »
C’est vrai, en un sens :
l’Église n’est faite que de pécheurs —
des saints en devenir, des hommes et des femmes en conversion,
qui aiment encore mal, mais qui apprennent à aimer.
L’Église n’est pas la maison des justes, ni des purs,
mais celle du Père qui accueille les pécheurs.

Ceux qui se croient assez justes pour ne pas avoir besoin de Dieu, ni de l’Eglise ne se se justifient-ils pas eux-mêmes, comme le pharisien?

Il nous faut donc aller jusqu’au bout de cette parabole. Le pharisianisme sous toute ces formes est à rejeter.

Marie sur ce chemin peut nous aider à voir plus clair. Marie peut nous apprendre le secret de la véritable humilité. Celle qui porte toujours un regard juste sur ce que nous sommes, un regard qui constate notre petitesse, nos faiblesses mais plus encore la miséricorde de Dieu, son œuvre en nous. Ce qui aboutit à un chant d’action de grâce : le Magnificat.

“Le Seigneur s’est penché sur son humble servante” : telle est la prière du publicain que nous sommes.

“Le Seigneur a fait pour moi des merveilles. Il élève les élevé les humble, il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides, disperse les superbes, renverse les puissants de leurs trônes” : voilà ce que doit méditer le pharisien qui sommeille en nous.

Telle est la prière et la méditation du chrétien, de ceux en tout cas qui veulent adorer en esprit et en vérité, dans le temple de leur cœur.

Père Gabriel Ferone

Retrouvez les homélies du père Gabriel  et du père Bertrand dans la rubrique « Messes et célébrations » / « Homélies des pères Gabriel et Bertrand » de ce site

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